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BUG : le nouveau récit d'anticipation d'Enki Bilal
Enki Bilal, lanceur d’alerte ! Qu’adviendra-t-il si le genre humain abandonne sa mémoire à la seule technologie ? En racontant le Bug de l’an 2041, l’artiste signe un thriller d’anticipation nerveux où les destinées intimes se heurtent au chaos d’un monde en plein blackout. Dans la continuité directe de Monstre et de Coup de Sang, Bilal poursuit son œuvre orwellienne et shakespearienne.
Jeudi 13 décembre 2041. Un crack informatique d’origine inconnue efface toutes les données virtuelles, plus aucun appareil numérique ne fonctionne. Dans ce monde au bord du chaos, le cosmonaute Kameron Obb, seul survivant d’une mission sur Mars, est ramené sur Terre. Il est porteur d’un bug extraterrestre qui a décimé son équipage. En dépit d’une tache bleue croissante sur l’arcade, sa santé semble excellente, mais il présente une étonnante hypermnésie… comme si toutes les données perdues avaient migré dans son cerveau. Kameron Obb devient l’objet de toutes les convoitises gouvernementales. Il n’a, lui, qu’une seule idée : retrouver sa fille kidnappée.
De mémoire d’homme, de mémoire vive
Comme souvent chez Enki Bilal, le contexte politique se mêle au parcours individuel de ses personnages. Le récit propose plusieurs échelles de lecture étroitement mêlées. Le bug désigne le dysfonctionnement informatique dont est affligé la planète mais également le parasite extraterrestre qui s’immisce dans le corps du protagoniste. Bilal établit un parallèle constant entre le corps intime, le corps informatique et le corps social. Tous trois sont des systèmes vacillants, s’entraînant mutuellement dans leur chute. Ces échos entre humains, humanité et numérique permettent à l’auteur de traiter l’un de ses sujets de prédilection, la mémoire. Pouvons-nous confier une chose aussi importante pour l’humanité à des ordinateurs, sans courir à notre perte ?
Final cut
Enki Bilal est l’un des auteurs majeurs du 9e art et un cinéaste aguerri. Ses différentes expériences artistiques confèrent à sa pratique actuelle une liberté créative exceptionnelle. Chaque case est dessinée indépendamment, dans un ordre qui ne suit pas nécessairement la chronologie du récit. Ce procédé offre à chaque image une fraîcheur et une élégance graphique propre. Il permet aussi à l’artiste d’effectuer un véritable montage de son histoire. Les séquences s’enchaînent nerveusement, de personnage en personnage, d’un bout du globe à l’autre, dans une fluidité virtuose. Si le montage est une pratique cinématographique, le montage de Bug est celui d’un thriller haletant.
Satire prophétique
L’effondrement numérique dépeint dans Bug ne manque pas d’ironie. Enki Bilal multiplie les clins d’oeil grinçants à notre actualité. La satire ne tarde pas, cependant, à nous glacer le sang tant elle paraît vraisemblable. On frissonne en songeant qu’avec Bilal, comme pour beaucoup de grands auteurs de science-fiction, l’imagination n’est pas très loin de l’intuition. Et ce ne serait pas la première fois, depuis Le Sommeil du monstre, qu’une de ses bandes dessinées devance le réel.
Enki Bilal, lanceur d’alerte ?