Interview

François Cortegginani et Christophe Alvès à propos de Lefranc (10/2015)

La sécurité du monde est une nouvelle fois menacée. Les grandes puissances décident dès lors de mettre provisoirement leurs querelles en suspens. Soviétiques, Américains, Britanniques et Français unissent leurs forces, afin de déjouer les plans machiavéliques fomentés par une poignée de nostalgiques du IIIe Reich. Et qui mieux que Guy Lefranc est capable de leur porter l’estocade en infiltrant une base secrète aménagée dès les années 1930 en Nouvelle-Souabe. Pour atteindre cette région du continent Antarctique, au climat particulièrement hostile, le reporter prend la place d’un pilote nazi émérite chargé de finaliser les essais du Haunebu, une soucoupe volante aux performances exceptionnelles. Un jeu dangereux qui risque bien d’être mis en péril par le plus fidèle ennemi de Guy Lefranc, allié de circonstance dans cette grande aventure, mais dont les véritables intentions sont troubles.
Mission Antarctique renoue avec le grand récit d’aventure teinté de science-fiction qui a fait le succès de la série Lefranc dès ses débuts, en 1952, avec La Grande menace. Le célèbre journaliste du Globe retrouve le major Cunningham, croisé dans Londres en péril, ainsi que le général von Graf, laissé pour mort dans Le Maître de l’atome. Pour sauver le monde libre, il va également devoir malgré lui faire alliance avec son ennemi de toujours, Axel Borg, venu en Nouvelle-Souabe pour s’emparer de quelques-unes des oeuvres d’art volées par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale, et entreposées dans cette base secrète dans l’attente vaine de la renaissance du IIIe Reich. Dans une atmosphère rétrofuturiste, qui fait autant référence aux thématiques chères à H. P. Lovecraft qu’aux Wunderwaffen imaginées par des savants fanatiques dans une Allemagne nazie d’ores et déjà vaincue, Mission Antarctique se présente comme un grand récit d’espionnage classique, avec ses faux-semblants, ses rebondissements et ses coups d’éclat. Pour son premier essai sur Lefranc, Christophe Alvès livre une copie impeccable, respectant l’esprit graphique de la série tout en lui insufflant une touche de modernité et de fluidité qui rendent la lecture de cet album particulièrement trépidante.

Trois questions à François Corteggiani et Christophe Alvès

Pourquoi avez-vous accepté de travailler sur un album de Lefranc ?

F. C. : C’est un personnage dont j’ai beaucoup aimé les premières aventures, notamment Le Mystère Borg et Le Repaire du loup, que je lisais dans le journal Tintin.

C. A. : François et moi avions envie de travailler ensemble. Le scénario de Mission Antarctique était déjà validé par le comité Martin, et il m’a proposé de faire un essai sur cette série légendaire. J’ai évidemment accepté avec enthousiasme.

En quoi ce personnage est-il moderne ?

F. C. : Ce n’est pas un super-héros qui casse tout sur son passage. Il est doté d’une vie intérieure, de sentiments et, surtout, de doutes, ce qui le rend proche de nous.

C. A. : Je ne sais pas si Guy Lefranc est un personnage « moderne » dans le sens où on l’entend. Il correspond plutôt à un certain mythe du héros.

Que pensez-vous apporter à ce personnage ?

F. C. : Vaste question ! Peut-être un peu d’humour, une manière d’aborder l’aventure et la vie d’une façon légèrement différente que d’habitude.

C. A. : J’essaie d’apporter une touche personnelle à mes ambiances et cadrages, tout en essayant d’être le plus proche possible de « l’esprit Martin ».

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