Interview

Hanté : Interview croisée Rachel Corenblit et Chrysostome Gourio

Quel cauchemar avez-vous choisi de faire vivre à vos lecteurs ?

Rachel Corenblit :

J’emmène cinq enfants dans un musée collectionnant les instruments de torture de l’époque médiévale, en compagnie d’une guide maléfique qu’un pacte sanglant lie à des âmes damnées… Ensemble, nous allons errer dans un labyrinthe, y croiser des animaux peu amicaux, affronter des épreuves terribles que seule la solidarité et le sens de l’amitié permettront de surmonter.

Chrysostome Gourio :

Je les invite à suivre Perséphone dans le cimetière qu’elle habite avec son père et assister à sa rencontre avec une sorcière. Celle-ci propose de lui octroyer un sombre pouvoir.
Peut-être pourrait-elle s’en servir pour se venger des trois garçons qui la harcèlent ? Il y est question de tentacules qui sortent du sol, d’un grimoire terrifiant, de chaudron méphitique, de violence quotidienne et de la mère des mouches.

Par quelle histoire ou auteur avez-vous été traumatisés étant jeunes lecteurs ?

Rachel Corenblit :

Vers onze ans, je découvre Les histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe et je me souviens très nettement à quel point l’ambiance de ces nouvelles m’avait happée, frappée, captivée. C’est mon entrée dans la littérature fantastique.
J’en ai fait des cauchemars puissants, me réveillant la nuit au point qu’on m’a retiré le livre. Que j’ai récupéré en secret… non mais !
Les cauchemars étaient le prix à payer pour la liberté de lire, j’ai assumé…

Chrysostome Gourio :

Comme Rachel vers onze ans, quand j’ai découvert Maupassant et son Horla. Je suis tombé dessus dans la bibliothèque de mes parents et j’ai été intrigué par le titre.
Je me rappelle ne pas avoir tout compris, mais avoir été fasciné par le ton, l’ambiance, le rapport trouble à la réalité, la folie qui l’emporte… J’ai cherché à retrouver ce plaisir angoissant et c’est comme ça que je me suis tourné vers Poe, Lovecraft, Kafka, King… et que le fantastique est devenu l’un de mes genres littéraires de prédilection.

Et dans la vraie vie, quel est votre pire peur/cauchemar ?

Rachel Corenblit :

Petite, j’ai tenu une liste de mes peurs. Je peux vous la restituer de mémoire, dans le désordre et sans préférence :
- Être attaquée par des zombies (en mode : La nuit des morts-vivants)
- Être hantée par des esprits cruels (merci Le sixième sens et la fameuse réplique : « je vois des gens qui sont morts… »)
- Qu’une centrale atomique explose (version Tchernobyl)
- Qu’une pandémie frappe l’humanité (pas de commentaires)

Chrysostome Gourio :

J’ai toujours été un vrai trouillard – raison pour laquelle le fantastique me plaît autant (je crois) : ça permet de mettre sa propre peur à distance en ayant peur pour les
autres. Sinon le pire c’est :
- Ouvrir un œuf à la coque et en voir surgir un face-hugger (merci Alien)
- Appeler un service administratif ou une hot-line (je sais que ça va durer des heures)
- Perdre mes dents (c’est un cauchemar que je fais de façon récurrente depuis mon adolescence, sans doute une conséquence de quatre années à porter des appareils dentaires en tous genres… horrible)

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