Interview

Sociorama : interview de Lisa Mandel et Yasmine Bouagga (12/2015)

La collection Sociorama signe la rencontre entre bande dessinée et sociologie. D'un côté, des sociologues amateurs de BD qui ont créé l'association Socio en cases ; de l'autre, des auteurs de BD curieux de sociologie. Ensemble, ils ont initié une démarche originale : ni adaptation littérale, ni illustration anecdotique, mais des fictions ancrées dans les réalités du terrain. Toute ressemblance n'est pas pure coïncidence...

Comment est née cette collection Sociorama ?

Yasmine Bouagga : Alors que nous organisions un séminaire « Sciences sociales et bande dessinée » animé par des sociologues aimant la bande dessinée, nous avons invité des auteurs, dont Lisa.

Lisa Mandel : Moi, j’étais là pour parler de HP, mon album sur l’univers de la psychiatrie. On a longuement discuté de la représentation d’un univers social dans le dessin. Et c’est là qu’est née l’idée d’une collaboration et de cette collection.

Quels sont l’intérêt et la force de cette collection ?

L. M. : J’aime bien comprendre la société dans laquelle on vit. Les chercheurs sont vraiment dans le concret, ils suivent leur enquête sur plusieurs mois ou plusieurs années. On rentre dans le quotidien de gens et de sociétés dont on ignore le fonctionnement.
Y. B. : Les sociologues font des enquêtes au long cours sur des sujets de société, sans être toujours lus par les personnes auxquelles on s’adresse, car on reste parfois dans notre jargon et nos théories. Et on s’est rendu compte que de nombreux auteurs de bande dessinée se plongeaient dans des univers sociaux, mais de manière plus accessible.

Est-ce que ce sont des bandes dessinées de vulgarisation ?

Y. B. : Il est très commun qu’un ouvrier du bâtiment ait un accident, mais à travers cet événement, on va comprendre toute l’organisation du chantier.
L. M. : Ce qui nous distingue des autres essais sur la sociologie, c’est que le lecteur se trouve vraiment dans la peau des personnages. On a fait le choix de faire passer les résultats de l’enquête sociologique par des récits fictionnels.
Y. B. : On a même créé une association, « Socio en Cases », qui fonctionne comme un comité scientifique, pour s’assurer que le synopsis et les story-boards préservent bien les résultats de recherche. Par exemple, pour Séducteurs de rue, on ne voulait pas seulement une compilation d’anecdotes, mais bien analyser derrière la construction du genre.

À qui s’adresse cette collection ?

L. M. : À tout le monde, aux étudiants, aux enseignants, aux gens intéressés par la sociologie ou la bande dessinée.
Y. B. : Tout le monde s’intéresse à la sociologie, mais tout le monde n’a pas le temps de se plonger dans des livres de 300 pages. Le dessin permet d’être plus accessible !

À découvrir :