Rencontre avec Zeina Abirached à la fondation Boghossian (Villa Empain) à Bruxelles.

ENTRE MAGHREB ET MACHREK, tout un monde…

Le Monde Arabe est un territoire dont les contours restent très indéfinis, sujet à caution et précaution tant il s’est construit à force de conquête et d’invasions. Aujourd’hui plus que jamais, il fascine autant qu’il fait peur, suscitant tour à tour, fantasmes, angoisses et parfois rejet total. Ce Monde Arabe est un des grands absents de nos cours d’Histoire, il apparaît ici, brièvement sous le visage menaçant d’ennemis stoppés à Poitiers, ressurgit parfois sommairement avec l’évocation des grandes heures de la Civilisation arabe et ses apports et réapparait tout aussi brièvement, à l’époque contemporaine en quelques chapitres consacrés au processus de décolonisation.
De fait, ce monde avec lequel nous partageons une culture, une Histoire et plus encore des liens charnels et humains depuis des siècles, ce monde reste encore méconnu sous nos latitudes, en ce compris par ceux et celles qui s’en réclament. Et c’est ainsi qu’un monde complexe, construit sur la diversité des cultures, des langues, des pays, des tribus, des confessions se retrouve aujourd’hui réduit à quelques particularités physiques et une seule langue, qui caractériseraient ainsi tous ceux et celles qui en feraient partie. Cette réduction identitaire d’un monde riche et complexe participe d’une vision limitée du monde, elle est surtout le fruit d’un projet idéologique inquiétant ; la construction d’un monde arabe ancestral, dont il conviendrait de revenir aux sources pures, simplistes. Un monde qui réunirait en son sein une communauté définie par sa seule langue et confession, une « ouma » repliée sur elle-même et souvent ignorante de la diversité de ses propres origines bien plus chamarrées que ce projet idéologique veut nous le faire croire.
« Mal nommer les choses c’est ajouter du malheur » disait Albert Camus. Ce projet de Salon Littéraire dédié aux lettres du Monde Arabe a précisément pour objectif d’apprendre à mieux connaître ce territoire dont on dit tout et trop souvent aussi n’importe quoi, avec des conséquences lourdes, tant le substrat qui nous occupe ici relève de la construction identitaire pour les uns et de la perception d’un monde voisin dont on ne peut continuer d’ignorer les réalités tant elles finissent par nous rattraper, pour les autres.

Réservations
La Charge Du Rhinocéros
info@chargedurhinoceros.be
02 649 42 40

Tarifs : 10€ / 4€ (-26 ans)