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Kilomètre zéro en bande dessinée

Après avoir conquis plus de 5 millions de lecteurs avec ses romans, Maud Ankaoua se lance aujourd’hui dans une nouvelle aventure aux côtés de Mathilde Ducrest avec l’adaptation de Kilomètre zéro en bande dessinée.
4 questions à Maud Ankaoua
D’où est venue l’envie d’adapter votre roman en bande dessinée ?
Je dois avouer qu’au départ, je n’avais pas imaginé l’adaptation de mon roman en bande dessinée, j’étais même assez dubitative. La bande dessinée représentait pour moi un territoire presque inconnu, de vagues souvenirs d’enfance, il y a des décennies. Je doutais sincèrement qu’on puisse préserver l’essence du roman dans ce format. Ma plus grande crainte était d’en perdre la substance. Comment transposer en cases et bulles la richesse des descriptions, la profondeur psychologique des personnages, et surtout ces moments d’introspection qui constituaient l’âme de mon livre. Le roman me permettait de plonger dans les pensées les plus intimes, d’explorer les nuances des émotions ; l’univers de la BD me semblait trop simplificateur.
Mais quand Casterman m’a fait lire une scène, tous mes doutes ont été levés. J’ai même vu à quel point Mathilde Ducrest avait pu sublimer et rendre encore plus réels les décors, les personnages et même les messages. J’ai sincèrement été bluffée. Sa vision artistique a capturé l’essence même de ce que j’avais imaginé, mais en y ajoutant une dimension que les mots seuls ne pouvaient atteindre. Les expressions des personnages, la lumière baignant le paysage, tout était… magnifié.
Comment avez-vous choisi de travailler avec Mathilde Ducrest ?
Le choix de travailler avec Mathilde s’est fait grâce à l’équipe de Casterman. Benoît Mouchart, le directeur éditorial, et Nathalie Van Campenhoudt, mon éditrice, avaient une vision très claire : ils voulaient un produit avec une véritable identité créative et non pas une simple transposition numérique. Ils m’ont présenté Mathilde qui a le sens des dialogues et une vraie signature artistique. Dès nos premiers échanges, j’ai senti qu’elle avait saisi l’essence des personnages, leur psychologie, leurs contradictions. Tout s’est fait facilement. Nous nous sommes dit les choses simplement, sans ego, moi avec mes doutes et mes certitudes, Mathilde avec sa sensibilité artistique et ses propositions tout en écoutant mes impératifs, et Nathalie avec son professionnalisme. C’était un immense bonheur de travailler ensemble.
Quels étaient les éléments que vous vouliez absolument retrouver dans l’adaptation ?
Je tenais absolument à préserver l’ambiance particulière du récit, cette atmosphère un peu suspendue qui fait la spécificité du roman. Les messages, parfois complexes et denses, devaient également rester clairs. Je voulais aussi retrouver les paysages et les personnages tels que je les avais imaginés. La beauté de cette collaboration résidait dans notre capacité à échanger librement : Mathilde proposait des interprétations visuelles qui parfois dépassaient ma propre imagination, et j’acceptais ces surprises créatives qui enrichissaient l’œuvre originale. Cette fluidité dans nos échanges a permis de créer quelque chose qui dépasse la simple adaptation pour devenir une œuvre à part entière, portant à la fois mon univers narratif et la vision artistique unique de Mathilde.
Qu’est-ce que cette expérience liée à la bande dessinée vous a apporté ?
Cette expérience m’a une nouvelle fois ramenée à mon humilité ! J’ai redécouvert avec une immense joie mon roman sous l’angle du dessin. Mais surtout, j’ai ouvert les portes d’un monde qui m’était inconnu et me suis rendu compte que la BD n’est vraiment pas réservée qu’aux enfants. C’est un médium artistique qui s’adresse à tous les âges. La profondeur narrative et visuelle que peut atteindre ce format m’a vraiment surprise. Ces échanges et ce travail en équipe ont été pour moi une grande aventure, j’imagine déjà un autre voyage avec eux tous !
4 questions à Mathilde Ducrest
Comment avez-vous été amenée à vous lancer dans l’adaptation de Kilomètre zéro ?
J’ai toujours été une grande consommatrice de romans et les exercices d’adaptation faisaient partie de mes devoirs préférés à l’école. Mais l’école, ce n’est pas la vraie vie et on ne travaille pas les quelques pages d’un extrait comme on travaille un livre entier. Quand Nathalie Van Campenhoudt m’a présenté cette opportunité au mois de décembre 2023, j’ai mis quelques secondes à laisser de côté mes premières appréhensions. Je me sentais proche des thèmes abordés dans le roman et l’intérêt graphique était évident. Et en même temps, les enjeux étaient de taille : un projet d’une telle envergure se traite avec une précaution particulière ; c’est typiquement le genre d’occasion exceptionnelle à ne surtout pas laisser filer. Je ne maîtrisais alors que l’aspect théorique de la plupart des défis susceptibles d’émerger. Si tout cela m’a fait peur, ça m’a aussi beaucoup plu. Alors j’ai foncé ! Dans un premier temps, j’ai tenu à faire ma part en préparant le plus rapidement possible une série de planches en technique définitive ainsi qu’un début de story-board à l’attention de Maud. L’idée était qu’elle puisse se projeter au mieux dans la vision que nous avions en tête.
Quelles ont été les grandes étapes de travail pour adapter un roman en bande dessinée ?
La réécriture, le découpage en story-board, la mise au propre puis la mise en couleur. Faire rentrer 360 pages de roman dans 140 pages de BD implique forcément quelques choix difficiles. Plutôt que de partir sur un « mot à mot », nous nous sommes concentrées sur l’essentiel du message véhiculé par le roman et en avons fait notre ligne directrice. À partir de là, il n’y avait « plus qu’à ». Chaque étape était ponctuée de rendez-vous avec Maud afin qu’elle puisse formuler ses remarques au fur et à mesure. Nous n’avons pas mis longtemps à trouver un équilibre stable, ce qui a été pour moi très rassurant.
Comment s’est déroulée la collaboration avec Maud Ankaoua ?
J’ai toujours eu foi en l’idée que dans une relation, qu’elle soit intime ou professionnelle, la meilleure option se situait quelque part entre l’autre et soi. Jamais exclusivement d’un côté ou de l’autre. Avec Maud, je me suis toujours sentie libre dans nos échanges. Si je devais résumer notre collaboration en une phrase, je dirais : trouver un compromis qui ne compromette personne. Maud a un talent certain pour exprimer ses doutes, ses questions, ses envies et ses espérances avec douceur et fermeté. Elle a su me mettre en confiance et c’est exactement dans ce type d’environnement que je suis la meilleure. Maud est également très à l’écoute. Une qualité précieuse qui nous a permis de gagner un temps remarquable sur le délai de réalisation très court.
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
Énormément de gratitude, plus de confiance en moi, une meilleure expérience, de beaux souvenirs, l’envie de rêver encore un peu, la conviction que mes anges gardiens non seulement existent, mais sont également ultra-performants. Cette aventure a aussi renforcé mes liens avec mon éditrice pour qui j’avais déjà beaucoup d’admiration. Grâce à elle, j’ai pu travailler en binôme avec Maud, une autrice et femme d’affaires exceptionnelle que je n’aurais sûrement jamais eu l’occasion de rencontrer autrement. Trop de chance, quoi. Espérons que ça dure.