Interview

Marc Jailloux et la reprise d'Alix (10/2015)

Fils d’Adréa et d’Héraklios, derniers souverains de Sparte disparus dans des circonstances tragiques, le jeune Héraklion traverse une grave crise identitaire. Alix, son précepteur, semble impuissant devant ses fugues à répétition qui sonnent comme autant d’appels à l’aide. Après avoir découvert qu’Héraklion entretenait une correspondance avec Astyanax, Alix décide d’emmener le jeune orphelin en Numidie, où l’ancien général de la Garde noire de Sparte, devenu mercenaire, a pris la tête de la puissante armée du roi Juba Ier. Ce dernier, allié de Pompée, s’apprête à attaquer les troupes de César à Thapsus. En organisant une rencontre entre Héraklion et Astyanax, Alix espère provoquer un choc émotionnel chez l’adolescent, le réconcilier avec son passé, et lui permettre d’entrevoir la vie sous un nouveau jour.
Après La Dernière conquête et Britannia, qui entraînaient leurs protagonistes respectivement en Bactriane et en Bretagne, Marc Jailloux et Mathieu Breda envoient à nouveau leurs héros vers des horizons lointains.
C’est cette fois la Numidie, théâtre des derniers affrontements sanglants de la guerre civile entre César et Pompée, qui sert de décor à une grande aventure humaine. Car dans Par-delà le Styx, les auteurs s’attaquent pour la première fois aux origines de la mythologie « alixienne ». Comme Alix, le jeune Héraklion est orphelin. Et comme lui, il est forcé de s’intégrer à une société nouvelle qui est, en partie, à l’origine de ses malheurs. Le tout à l’adolescence, un âge où les repères deviennent flous, et où l’instinct prime souvent sur l’acte réfléchi.
Comme pour mieux renforcer la dimension patrimoniale de ce nouvel album, Marc Jailloux et Mathieu Breda multiplient par ailleurs les références à certaines aventures d’Alix devenues mythiques. Ils remplissent ainsi certains vides laissés dans Le Dernier Spartiate, Le Dieu sauvage, ou encore Le Cheval de Troie. Et apportent, eux aussi, leur pierre à l’édifice patiemment bâti par Jacques Martin et ses collaborateurs depuis près de 70 ans.

Trois questions à Marc Jailloux

Pourquoi avez-vous accepté de reprendre Alix ?

M. J. : Ce sont les éditions Casterman qui ont eu envie que je reprenne la série Alix, après avoir vu mon travail sur Orion. Il était inimaginable pour moi de refuser, car Alix faisait partie de mes séries préférées lorsque j’étais enfant. Plus tard, j’avais été l’assistant à l’encrage de Gilles Chaillet, et j’avais eu le loisir de discuter longuement, et à plusieurs reprises, avec Jacques Martin. Cette opportunité me semblait aller dans la suite logique des choses.

En quoi ce personnage est-il moderne ?

M. J. : Alix n’est ni moderne, ni ancien, il est intemporel. Son physique le rapproche de la grande statuaire grecque « classique ». Il prône la justice et la tolérance, des valeurs ô combien importantes, comme nous le rappelle tristement l’actualité.

Que pensez-vous apporter à ce personnage ?

M. J. : Nous faisons évoluer la psychologie d’Alix et ses rapports avec les autres protagonistes de la série, de manière plus ou moins consciente. Nous lui faisons côtoyer des personnages historiques qui n’avaient pas encore été exploités, comme Marc Antoine ou Metellus Scipion. Et puis Alix poursuit ses aventures vers de nouvelles destinations comme la Bactriane — l’actuel Afghanistan —, la Bretagne ou la Numidie, dans ce nouvel album.

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